Si vous vous promenez un jour rue Hallé, dans le XIVème arrondissement de Paris, vous pourrez voir sur la façade de l'immeuble du n° 72 une plaque portant cette inscription : "Derrière ces immeubles, s'étendaient les ateliers du sculpteur, dinandier, laqueur Jean Dunand 1877-1942". Et si vos pas vous conduisent ensuite dans le XIIIème arrondissement, il vous sera possible d'emprunter la rue Jean-Dunand. Peut-être aurez-vous alors envie d'en savoir plus sur cet artiste, qui fut l'une des figures marquantes du mouvement Art Déco en France.

1877-1908

Jules-John Dunand (qui francisera ultérieurement son prénom en Jean) naquit à Lancy, en Suisse, le 20 mai 1877, de Jean Eugène Dunand et de Jeanne Amélie Götschi. Bien que de nationalité suisse à cette époque, la famille Dunand était d'origine française. Son arrière-grand-père, Joseph François Dunant (avec un "t"), était né exactement un siècle auparavant dans un petit village de l'Isère, Chapareillan.

En 1891, à 14 ans, le jeune Dunand entre à l'École des Arts industriels de Genève, en sculpture. Il obtient en 1893 le Premier Prix de ciselure et de modelage, en 1894 la médaille d'argent des Écoles municipales de la ville de Genève, et en 1895 à nouveau le Premier Prix. Après cinq années d'études, il sort diplômé de l'École des Arts industriels de Genève. Au cours de cette période scolaire, il s'est lié, d'une amitié qui durera toute sa vie, avec François-Louis Schmied, spécialisé dans la gravure sur bois, et avec Carl Albert Angst qui, comme lui, est sculpteur.

En 1897, il obtient de la Ville de Genève une bourse pour poursuivre ses études à Paris. Dés son arrivée, il habite chez un parent qui possède une entreprise de modelage, staff et décoration, et engage le jeune homme comme apprenti. C'est en travaillant dans cet atelier qu'il fit la connaissance de Paul Jouve, également sculpteur.

En 1898, il fut autorisé à s'inscrire au cours du soir de l'École nationale des Arts Décoratifs, dans la classe de sculpture de l'atelier de Jean Dampt, personnalité du Paris artistique de cette époque. Il y retrouve son ami Carl Angst. Durant les périodes de vacances, Dunand retourne en Suisse voir ses parents, et c'est à l'occasion de ces séjours qu'il s'initie aux subtilités de la dinanderie en travaillant comme apprenti chez un artisan de Genève.

Alors que Dunand suit des cours dans une annexe des ateliers de Dampt, le Maître décide d'opérer une sélection rigoureuse parmi ses élèves pour n'en garder que trois qu'il juge les plus aptes à suivre son enseignement. Dunand et Angst font partie de ceux-là et ils rejoignent tous les deux Dampt dans sa propriété en Touraine pour travailler ensemble la sculpture. A l'occasion de l'un de ces séjours, en 1902, Dunand fera la connaissance d'une jeune fille de 19 ans en vacances dans la région, Marguerite Moutardier.

Dunand participe à l'Exposition universelle de Paris en tant qu'exposant suisse. Sa sculpture en bronze Quo Vadis obtient une médaille d'or. En 1901, il expose le buste en bronze de Mademoiselle E.K., au Salon de la Nationale. Ce buste sera acquis en 1902 par la Confédération helvétique pour le musée des Beaux-Arts de Lausanne.

De 1903 à 1906, Dunand collabore régulièrement avec Dampt à la réalisation du salon de l'hôtel particulier de la comtesse de Béarn. Il sculpte des lambris, des entourages de portes et des meubles. C'est à partir de cette expérience que Dunand se tourne peu à peu vers les arts décoratifs. En 1904, il déménage et s'installe rue Hallé à Paris, dans le XIVème arrondissement. Il expose sculptures et dinanderies dans plusieurs salons, ce qui lui vaut d'être nommé "membre associé" de la Société nationale des Beaux-Arts. En 1905, il s'oriente définitivement vers les arts décoratifs, principalement en raison du succès remporté par ses dinanderies. Elles sont remarquées par les critiques qui sont unanimes à saluer l'événement dans leurs articles. En 1906, il figure à l'Exposition internationale de Milan en tant qu'artiste suisse, dans la section des arts décoratifs. Pour ses dinanderies, il obtient une médaille d'or.

Le 18 avril 1906, Jean Dunand épouse Marguerite Marie-Rose Antoinette Léonie Moutardier, agée de 23 ans.

En 1907 a lieu la première exposition de l'Association des Artistes suisses à Paris. Dunand y participe encore comme sculpteur. Au Salon de la Nationale, ce sont quatre pièces superbes en métaux divers qu'il présente. L'une d'entre elles sera achetée par le musée des Arts décoratifs. Dés cette époque, Dunand apparaît comme un technicien fabuleux et un décorateur des plus habiles et des plus originaux. Il participe une nouvelle fois au Salon national des Beaux-Arts de Genève. A cette occasion, deux vases sont achetés par le musée de Genève. Si l'on compare les oeuvres de Dunand à celles des autres dinandiers, on se rend bien compte que son langage est extrêmement original et ce n'est pas par hasard si critiques d'art et conservateurs de musée se retrouvent pour célébrer les mêmes pièces. A la suite de cette exposition, Dunand est nommé Officier d'Académie en Suisse.

En 1908, Dunand participe à la IVème Exposition de la Galerie de l'art contemporain à Paris, à la suite de laquelle le ministre de l'Instruction publique le fait nommer Officier d'Académie. A la Société Nationale, un vase en plomb est acheté par l'État pour les collections du musée du Luxembourg, acquisition accompagnée d'une promotion dans le cadre de cette Société puisque, de membre associé, Dunand devient sociétaire à part entière. Ses confrères lui demandent par la même occasion de faire partie du jury décernant les prix d'arts décoratifs dans le cadre du Salon annuel.

Le 13 juin 1908 marque la naissance du premier enfant de Dunand. Il s'agit d'un garçon que l'on prénomme Bernard Louis Paul.

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